Le Petit-Marais désabusé face aux économies de la Ville

Article du Journal du Jura du 01.09.2022 https://ajour.ch/story/le-petitmarais-dsabus-face-aux-conomies-de-la-ville/23369

L’association de quartier du Petit-Marais perdra sa subvention annuelle de 20 000 fr. dès 2023. Une décision prise dans le cadre du plan d’économie de la Ville, Substance 2030.

Dans le cadre du plan d’économie Substance 2030 de la Ville de Bienne, l’association de quartier du Petit-Marais se verra privée de sa subvention annuelle de 20 000 francs dès 2023. «On est vraiment très déçu de cette décision et on espère qu’elle ne sera pas concrétisée, sinon, je ne sais pas comment on fera pour continuer à offrir des activités diversifiées», explique Gabriela De Vries, présidente de l’association de quartier du Petit-Marais.

Et pour cause, de nombreux événements sont organisés par cet organisme, tels que la fête des voisins (qui aura lieu le 2 septembre prochain), un tournoi de foot, des ateliers mandalas et lecture, ou encore une soirée raclette. En outre, la location d’un espace, le Mööslitreff au Petit-Marais, ainsi qu’une animatrice employée à 30% sont financés en grande partie grâce à cette subvention. «La décision nous est tombée dessus comme ça. Chaque année, au mois de mars, nous avons un rendez-vous (de ‹reporting›) avec les autorités pour justifier cette aide financière. Tout s’était bien passé, et puis on a subitement reçu cette résiliation de notre contrat de prestation quelques semaines plus tard», raconte la présidente de l’association.

Une décision qui se justifie, selon Isabel Althaus, responsable du Département générations et quartiers de la Ville, notamment puisqu’aucune autre association de quartier de la cité seelandaise ne reçoit de subvention. En effet, si celle du Petit-Marais est la seule à être soutenue, c’est qu’il y a derrière, une explication historique. Il y a une quarantaine d’années, au moment de la création de l’association, une poignée d’habitants du quartier s’étaient fortement mobilisés pour obtenir ce soutien de la Ville, qui a perduré jusqu’à aujourd’hui. «Mais il sera maintenant nécessaire que les membres de l’association du Petit-Marais se mobilisent et mettent des ressources à disposition», indique Isabel Althaus, avant d’ajouter que les associations sont des initiatives privées, défendant les intérêts des habitants d’un quartier particulier.

Le quartier du Petit-Marais fait partie de la zone géographique de l’Infoquartier de Madretsch. Ces structures sont une offre directement gérée par la Ville – et partiellement cofinancée par le Canton –, qui vise avant tout à soutenir la population de diverses manières. On en compte quatre à Bienne, dans chacun des «grands quartiers»: Madretsch, Mâche, Centre et Boujean. «Ils existent pour répondre aux besoins de la population, toutes générations confondues. Ce sont des lieux de premier contact, mettant des informations utiles à disposition des habitants», explique la responsable du Département générations et quartiers. Ils font également office de plateformes d’échange, de coordination et de soutien, «comme par exemple pour aider les parents dans la démarche de demande de bons de garde».

«Un choix conscient»

L’Infoquartier de Madretsch, dont le budget ne sera ni coupé, ni réduit, ne devrait-il pas alors suffire à remplir la fonction sociale de l’association de quartier du Petit-Marais? Pour Gabriela De Vries, en aucun cas. «Théoriquement, l’Infoquartier de Madretsch doit aussi être là pour nous. Mais en réalité, le mandat est surtout destiné à soutenir le développement du quartier. Nous fonctionnons donc de manière autonome.»

Une constatation confirmée par le département responsable: «Effectivement, un accent particulier est mis sur la partie Madretsch Nord par la Ville. C’est un choix conscient, en raison de la grande mixité de la population. Mais les offres et prestations sont ouvertes à tout le monde», répond Isabel Althaus. La coupe budgétaire est difficile à accepter pour les membres de l’association, mais devrait néanmoins se concrétiser. «Bien sûr, la Ville subit des pressions pour faire des économies. Mais je ne crois pas que c’est en réduisant la qualité de vie des gens qu’il faut procéder. Cette association, c’est le cœur du quartier. Il ne faut pas couper les subventions de ce qui lui donne de la vie», lance Gabriela De Vries.

Il existe cependant de nombreuses autres associations de quartier à Bienne qui parviennent à fonctionner sans subvention. Au-delà de l’aspect historique, comment justifier que celle du Petit-Marais soit la seule à bénéficier d’un pareil soutien? «La question, je dirais que c’est plutôt pourquoi les autres associations ne sont pas soutenues», conclut Gabriela de Vries