Cinquantenaire, la Villa Ritter est toujours d’actualité

Article du Journal du Jura du 08.09.2022  https://ajour.ch/story/cinquantenaire-la-villa-ritter-est-toujours-dactualit/23957

Le célèbre lieu de loisirs et de rencontres de la jeunesse a fêté samedi son demi-siècle d’existence. Le programme d’économies de la Ville pourrait toutefois le contraindre à réduire la voilure.

C’est une maison bigarrée accolée à la colline et les pieds dans l’eau. On y vient à pied, en vélo, en roller, en skate ou en transports publics. Plusieurs générations de jeunes adolescents de Bienne, du Jura bernois et d’une partie du Seeland ont fréquenté ces locaux pour s’y amuser, jouer de la musique, refaire le monde, participer à des ateliers et se socialiser. Chacun aura reconnu cet endroit mythique: la Villa Ritter, situé au Faubourg du Jura, aux portes de la vieille-ville. Samedi, en présence de représentants des autorités municipales et cantonales, la vénérable institution a dignement fêté ses 50 ans.

«Nous nous portons bien et aimerions continuer nos activités durant au moins 50 ans de plus!», s’enthousiasme Marie-Laure Krafft-Golay, présidente de la Fondation Ritter. Le projet avait vu le jour en 1972 à l’initiative des paroisses protestantes qui avaient fait le constat suivant: «Aucun centre de loisirs n’existe pour les jeunes francophones de Bienne.» Le premier pas fut l’ouverture d’un modeste bureau dans la vieille-ville, avant le déménagement dans la Villa Ritter. Elle fut d’abord essentiellement fréquentée par des groupes jeunesse établis, comme les scouts et les églises, mais elle s’est progressivement ouverte pour être depuis des années accessibles à l’ensemble de la population.

Tout pour l’intégration

Pouvant compter sur une centaine de bénévoles et des animateurs rémunérés, ses objectifs demeurent les mêmes: contribuer à l’intégration des adolescents entre 13 et 18 ans en valorisant l’image qu’ils ont d’eux-mêmes par l’exercice d’une activité gratifiante, en développant le respect mutuel, et en les amenant à prendre des responsabilités. Nul ne conteste la vocation sociale de la Villa Ritter. Cette institution est d’ailleurs soutenue par la Ville de Bienne. La conseillère municipale et directrice de la formation, de la culture et du sport, Glenda Gonzalez Bassi, a d’ailleurs rappelé qu’elle avait elle aussi fréquenté la Villa Ritter dans son adolescence.

Responsable de Générations & Quartiers de la Ville de Bienne, Isabel Althaus, a aussi révélé à quel point la Villa Ritter avait joué un rôle positif pour ne pas laisser les jeunes en rade durant la pandémie. «La Villa Ritter est toujours d’actualité!» Jusqu’à quand? Car dans son programme d’assainissement des finances communales «Substance 2030», le Conseil municipal prévoit de réduire de 10000 francs sa subvention. «Cela nous inquiète», admet Marie-Laure Krafft-Golay. «Nous analysons en permanence notre situation financière et faisons attention à nos dépenses. Mais si le Conseil de ville devait approuver cette décision, elle entraînera des conséquences», qui pourraient par exemple impliquer une réduction de certaines prestations.

L’importance de l’impôt

Parmi les orateurs également présents samedi sous un soleil radieux, l’ancien conseiller municipal Cédric Némitz, encore vice-président du Conseil de Paroisse générale. Alors qu’au Grand Conseil bernois, certaines voix se font entendre pour faire de Berne un canton laïc, et donc couper les vivres aux églises reconnues, il a adressé ce message aux deux députés présents, la Nidowienne Pauline Pauli (PLR) et le socialiste de Tramelan Hervé Gullotti: «Si l’on veut maintenir des institutions comme la Villa Ritter, il faut absolument conserver l’impôt ecclésiastique.» Le Grand Conseil débattra prochainement d’une nouvelle révision de la Loi sur les églises.

SolidaRitter, la fête organisée pour ce jubilé, s’est terminée dans la soirée avec un concert du mythique groupe biennois «Douleur d’avion». Adolescents, plusieurs de ses membres étaient des habitués des lieux.